L’engagement collaborateur est un enjeu RH important. Le manque d’implication des salariés au travail et à l’égard de leur entreprise a en effet un impact direct sur la performance organisationnelle. Les chiffres sont éloquents : en 2024, en France, le coût du désengagement s’élevait en moyenne à 14 840 € par salarié selon le cabinet Mozart Consulting.
Face à ce constat, comprendre les causes et les conséquences du mauvais engagement des salariés est essentiel, d’autant que selon une étude réalisée par ADP Research, en 2025, seuls 21 % des salariés français sont engagés au travail. Dans cet article, Mozzaik fait donc le tour de ces questions et vous donne des solutions pour renforcer l’engagement de vos employés.
Qu’est-ce qu’un « mauvais engagement » au travail ?
Le mauvais engagement est un état dégradé de l’engagement des salariés. Mais de quoi s’agit-il exactement et comment se manifeste-t-il concrètement en entreprise ? Explications.
Mauvais engagement des salariés : définition
L'Association nationale des DRH (ANDRH) définit l’engagement comme « L’ensemble des actions d’un salarié qui vont au-delà de la contribution demandée par le contrat de travail, qui renforce le sentiment de contribuer à un projet commun, dans le respect des valeurs de l’entreprise. »
L’engagement collaborateur peut donc se définir comme l’implication des employés dans leur travail et à l’égard de leur employeur, au-delà de leurs obligations légales et contractuelles.
À rebours, le mauvais engagement des salariés correspond à une absence d’enthousiasme. Il se manifeste par une forme de détachement à l’égard des missions, et peut même résulter en un désengagement actif, caractérisé par une défiance vis-à-vis de l’organisation.
L’IBET (indice de bien-être au travail) du cabinet Mozart Consulting et l’eNPS (employee Net Promoter Score) du cabinet Bain & Company sont deux des indicateurs permettant de mesurer l’engagement collaborateur. Un mauvais engagement se traduit par un score IBET inférieur à 0,8 et à un indice eNPS en dessous de 7.
Manifestations concrètes du mauvais engagement des salariés
L’absence d’engagement des salariés transparaît à travers différents comportements.

Un collaborateur qui n’est pas engagé est plus souvent absent et à tendance à être moins fidèle à son employeur. Il ne fait pas sa promotion auprès de talents extérieurs et est ouvert à d’autres opportunités professionnelles.
Lorsqu’il est présent physiquement, le salarié non engagé exécute ses tâches sans faire preuve d’esprit d’initiative ou d’une créativité particulière. Il évite les responsabilités, n’est pas force de proposition et communique peu avec ses collègues et avec son manager.
Quelles sont les conséquences du mauvais engagement des salariés ?
L’engagement des salariés est un enjeu RH stratégique. Et pour cause, l’absence d’engagement des collaborateurs a plusieurs impacts négatifs sur l’entreprise :
Baisse de productivité
Un faible niveau d'engagement des salariés a un effet négatif sur la productivité. Un collaborateur qui n’est pas investi dans son travail est en effet moins créatif, innovant et efficace dans la réalisation de ses tâches. Résultat, selon le cabinet Gallup, les équipes les moins engagées sont 18 % moins productives et 23 % moins rentables que celles qui sont très impliquées au travail.
Ralentissement de l’innovation
La baisse de la performance des équipes désengagées peut en partie s’expliquer par leur moindre capacité à innover. Un salarié non engagé s’investit moins pour trouver des solutions novatrices aux défis qu’il rencontre. Il communique aussi moins avec ses collègues, ce qui nuit à l’intelligence collective et ralentit la résolution des problèmes.
Baisse de la satisfaction client
Le mauvais engagement des collaborateurs a une incidence sur la satisfaction et la fidélisation de la clientèle. Les salariés non engagés offrent souvent un service client moins prévenant et proactif. Ceci pourrait expliquer que, toujours selon Gallup, les clients des équipes les moins investies sont 10 % moins loyaux que ceux des équipes les plus engagées.
Hausse des accidents de travail
Les accidents de travail sont aussi plus nombreux parmi les salariés qui ne sont pas engagés. En cause, possiblement, une attention moindre, une moins bonne connaissance des consignes de sécurité ou encore une mauvaise communication interne. Conséquence, toujours selon le cabinet américain, les équipes démobilisées enregistrent un taux d’incidents 63 % supérieur à celui des plus impliquées.
Hausse de l’absentéisme
Entre insatisfaction au travail, santé mentale dégradée et accidents de travail, les collaborateurs ayant un faible niveau d’engagement sont aussi plus absents. D’après Gallup, les équipes désengagées seraient ainsi 78 % plus absentes que les plus investies.
Augmentation du turnover
Un mauvais taux d’engagement des salariés est aussi synonyme d’un taux de rotation plus élevé. Les collaborateurs non engagés ne sont pas attachés à leur employeur, ils ont donc davantage de facilités à quitter leur emploi. Ainsi, selon Gallup, dans les secteurs à faible turnover, les équipes ayant un bas niveau d’engagement enregistrent un taux de renouvellement du personnel 51 % plus élevé que les équipes plus enthousiastes.
Dégradation de la marque employeur
Un faible engagement dégrade l’attractivité de la marque employeur et peut entraîner des problèmes de recrutement. Les salariés non engagés ne font pas d’employee advocacy : ils ne font pas la promotion de leur entreprise auprès des recrues potentielles. Ils peuvent même poster des commentaires négatifs à son propos sur les réseaux sociaux et les plateformes de notation comme Glassdoor ou Indeed, décourageant les candidats potentiels.
Effet d'entraînement négatif
Enfin, un employé désengagé influence ses collègues. Son absence de motivation peut altérer l’ambiance de travail et se propager aux autres membres de son équipe. Couplée à une mauvaise communication, elle rend difficile la collaboration. Les relations humaines peuvent ainsi se dégrader et des conflits émerger, détériorant le climat social global.

Quelles sont les principales causes du désengagement des salariés ?
Les facteurs de désengagement des collaborateurs sont multiples. Parmi les causes fréquentes d’une baisse de l’implication des salariés peuvent notamment être incriminés :
Un management inadapté
Les pratiques managériales ont un impact important sur l’engagement au travail. Selon Gallup, le niveau d’engagement des équipes est déterminé à 70 % par le manager. Un encadrement autoritaire, qui ne laisse pas suffisamment d’autonomie aux salariés et se contente d’assigner les tâches peut en effet être une source de démotivation.
Un gestionnaire absent n’est cependant pas plus favorable à l’engagement collaborateur. Le manque de reconnaissance, à travers des feedbacks personnalisés et de l’écoute par exemple, ou d’objectifs clairs peut démobiliser les employés.Ceux-ci se sentent en effet interchangeables et perdus.
Une organisation du travail défaillante
L’organisation du travail a bien entendu une influence décisive sur l’engagement des salariés. Une charge de travail inadaptée, une absence de flexibilité, un mauvais équilibre entre vie professionnelle et personnelle, ou l’absence de ressources pour bien faire son travail (temps, matériel, informations, etc.) peuvent par exemple démoraliser et désengager les collaborateurs.
Un manque de vision et une perte de sens
L’engagement des collaborateurs peut également être dégradé lorsqu’ils ne perçoivent pas la finalité de leurs tâches et de leurs missions. Des objectifs flous ou une incompréhension de la stratégie de l’organisation peuvent provoquer un sentiment d’inutilité chez les salariés et les conduire à se désintéresser de leurs fonctions.
Tel est par exemple le cas d’une équipe de vente qui reçoit chaque mois des directives strictes (mettre en avant un produit par exemple) sans être informée des raisons stratégiques qui sous-tendent ces consignes (repositionnement de l’offre, lancement d’une nouvelle gamme, etc.).

Une mauvaise communication interne
Les problèmes de communication interne sont une cause majeure de mauvais engagement. Lorsque les informations circulent mal entre les salariés, (par exemple à cause d’un recours anarchique aux emails), ceux-ci peinent à prioriser leurs tâches, le travail en équipe devient laborieux, les relations interpersonnelles se gâtent et le désengagement guette.
Une communication descendante dysfonctionnelle peut aussi impacter négativement l’engagement collaborateur. L’absence d’un canal de communication unifié, permettant aux salariés de suivre l’actualité de l’organisation peut par exemple provoquer un sentiment d’exclusion et de déconnexion, et donc une baisse de l’implication.
Une absence de perspectives d’évolution de carrière
Les opportunités de développement sont un facteur essentiel d’engagement au travail. Selon une enquête réalisée par Indeed en 2025, les principales raisons pour lesquelles les salariés envisagent de démissionner sont les suivantes:
- La recherche de nouveaux défis (18 %)
- Le manque de reconnaissance (17%),
- Le manque de perspectives de carrière (16%),
- Être resté trop longtemps dans la même fonction (15 %),
- Pas de promotion (13%),
- Le sentiment d'être sous-utilisé dans son travail (13%).
En l’absence d’un plan de formation individualisé, permettant aux collaborateurs de monter en compétences, ou d’un programme de mobilité interne visible, aidant les salariés à se projeter, ces derniers peuvent en effet avoir l’impression de stagner, ressentir de l’ennui et perdre leur enthousiasme au travail.
Une culture d’entreprise toxique ou incohérente
Les principes directeurs et les valeurs de l’entreprise peuvent eux aussi être une cause de désengagement. En effet, lorsque les salariés ne se sentent pas alignés avec la philosophie organisationnelle, leur sentiment d’appartenance et de sens au travail décroît. Une culture d’entreprise autoritaire, axée sur la performance au détriment du bien-être des collaborateurs, de la diversité et de l’inclusion, ou encore de la cohésion peut ainsi nuire à l’engagement des employés.
Une culture positive, mais non incarnée par le top management, dans les orientations stratégiques et dans l’organisation du travail est également un facteur de mauvais engagement. Une startup « agile » qui refuserait le télétravail à ses collaborateurs pourrait par exemple perdre l’implication de ses équipes. Le décalage entre le discours porté par l’entreprise et la réalité produit en effet une érosion de la confiance, de l’insatisfaction et donc une baisse de l’investissement des salariés.